Ed Wainaina, un artiste créatif du NuNairobi en mission pour le Kenya

Ed Wainaina n’a que 22 ans et cinq ans de carrière, mais il s’est déjà imposé comme un illustrateur respecté et prisé au Kenya. Virtuose passionné, cet artiste précoce et influent au style audacieux labellisé incarne la créativité du mouvement NuNairobi.

Le talent n’attend pas le nombre des années. Les vocations encore moins. Ed Wainaina n’a que 7 ans lorsqu’il comprend que le dessin sera une passion viscérale. Le coup de foudre le prend aux tripes. Quinze ans plus tard, l’idylle n’a pas pris un coup de désuet. Pour sa passion, de battre le coeur de l’illustrateur de 22 ans au CV d’artiste quadragénaire embourgeoisé ne s’est jamais arrêté. « Je n’avais aucune idée que l’art pouvait m’amener aussi loin », nous confie le virtuose aux 21 000 abonnés sur Instagram, assis dans un café trendy de Nairobi, le béret vissé le crâne et les tatouages apparents sous le t-shirt serré.

En cinq ans de carrière, celui qui est toujours étudiant, en art et design à l’université de Nairobi, s’est imposé comme un influenceur respecté et scruté, sollicité par des grandes marques internationales pour des campagnes de publicité nationales et panafricaines. « J’ai déjà mon propre style et ma touche, les gens identifient très vite mon travail », constate avec fierté cet artiste audacieux et original. Chez lui, l’esthétique claque mais jamais au détriment de la narration sous-jacente. Si Land Rover, Absolut, Smirnoff et le premier opérateur téléphonique kenyane Safaricom ont fait appel à son sens des couleurs, des juxtapositions, des parallèles, son imagination et ses mises en scènes photographiques, c’est que sa patte impose déjà une griffe.

La pub, la meilleure vitrine pour faire connaître son art

Humble mais ambitieux, lucide mais rêveur, affable et à l’écoute, Ed Wainaina présente une personnalité aussi attachante que son travail. Vivre de son art aussi jeune, personne d’autre ne le fait au Kenya. « Je suis un des sept illustrateurs kenyans connus car ici, faire une carrière dans l’art est encore perçu comme un risque, comme un job pas sérieux. Le frein des parents peut être rédhibitoire. Comme le graphisme, l’illustration reste encore underground au Kenya », nous explique-t-il.

« À l’école j’étais celui qui au lieu d’aller jouer dehors à la récréation restait dans la classe tout seul, à dessiner. J’ai vite compris que j’avais du talent et que c’était mon truc. J’ai aussi rapidement découvert que ça pouvait générer des sources de revenus« , ajoute celui pour qui « la pub constitue le meilleur levier de promotion de mon travail auprès du grand public.«

Affranchi de l’emprise parentale depuis un an et son emménagement dans un appartement où il peut se consacrer encore plus ardemment à ses illustrations, ce futur créatif publicitaire – « plus j’y pense plus je me dis que çà serait logique de bosser à moyen terme en agence » – dessine tous les jours, ne serait-ce que cinq minutes, pour continuer de progresser. Quand il ne médite pas, il passe beaucoup de temps sur Instagram pour s’inspirer et apprendre. « Les gens dans la rue sont mon également une source d’inspiration quotidienne, j’adore les observer« , avoue cette figure de proue du NuNairobi, le surnom dont s’est auto-affublée la scène créative de la capitale kenyane.

« Le futur est en Afrique, je n’ai aucune envie d’aller ailleurs »

« NuNairobi c’est le symbole de tout ce qui est en train de se passer dans la ville, de tout ce qui se crée au quotidien. La scène créative kenyane est en plein boom, notamment grâce à l’apport financier des grandes marques internationales qui sont séduites par notre travail, à la fois africain et différent. Cette scène créative est une grande famille, on collabore beaucoup les uns avec les autres. On s’inspire les uns les autres, on se tire vers le haut. Ce boom n’en est qu’à ses débuts car des artistes changent la règle du jeu au quotidien. Le futur est en Afrique », assure Ed Wainaina.

Comme Lyra Aoko, Mutua Matheka, Blinky Bill, The Mentalyst ou Muthoni the Drummer Queen, quelques artistes kenyans très hype, l’illustrateur au physique de chanteur de boy’s band est en mission pour donner une autre image de son pays. Parce qu’il est persuadé que ce nouvelle Kenya créatif « va tous nous emmener loin« , il n’a aucune envie d’aller installer son atelier ailleurs. « Je ne ressens pas le besoin de migrer, je veux réaliser ma carrière ici chez moi. Cette envie vaut aussi pour les artistes ambassadeurs du NuNairobi », confirme-t-il. Mais s’accomplir n’est pas selon lui la seule ambition essentielle.

« À terme je voudrais ouvrir une académie pour former les jeunes au dessin et permettre l’éclosion de vocations brimées. Je voyage beaucoup à travers le pays et je vois tous ces talents qui ne seront jamais connus ou ne serait-ce qu’exploités.

À travers mon travail je veux faire comprendre qu’il faut prendre le risque de faire ce qu’on aime et de créer en restant soi-même, pour que son oeuvre reflète qui on est« , conclut le jeune artiste au sourire de tombeur de Nollywood. Il est 21h. C’est l’heure pour lui de retourner à son atelier après quelques courses nocturnes. Le talent n’attend pas non plus le nombre des heures travaillées.

Source: Ed Wainaina, un artiste créatif du NuNairobi en mission pour le Kenya

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