En mettant en œuvre le Projet Sanya Kagni (« la santé est bonne »), l’association de solidarité internationale Eau Vive ne se contente pas d’améliorer l’accès à l’assainissement dans 10 communes du Burkina Faso, elle entend également restaurer la dignité humaine, améliorer la santé de centaines de milliers de personnes dans l’ouest du Burkina Faso et promouvoir l’économie locale.
Peut-on prétendre à la dignité humaine en continuant à faire ses besoins dans la nature? Peut-on être productif en étant régulièrement victime du péril fécal et des maladies diarrhéiques? Peut-on créer une dynamique de développement sans impliquer les acteurs locaux? À travers le Projet Sanya Kagni, mené dans 171 villages, Eau Vive fait d’une pierre trois coups en répondant simultanément à ces trois problématiques.
Mis en œuvre depuis 2014 avec l’accompagnement financier de l’Union européenne et la participation de partenaires opérationnels comme IDE et GRET, ce projet a déjà permis d’aider près de 120 000 personnes par la réalisation de 12 499 latrines familiales et 2 073 puisards, tout en initiant une dynamique forte de changement de comportement en matière d’hygiène. Plus de 600 enseignants et 300 hygiénistes ont ainsi été formés pour mener une campagne de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiènes dans les écoles et les familles et diffuser des messages dans les radios locales et les théâtres forums. «Nous avons retrouvé notre dignité, car nous ne nous cachons plus pour aller nous soulager en brousse», affirment les chefs de ménages qui ont désormais leurs propres latrines.
Par ailleurs, le péril fécal qui menaçait les populations du fait des maladies liées à un manque d’assainissement est désormais un vieux souvenir pour bon nombre de ménages, dont les bras valides redeviennent plus actifs dans leurs exploitations cotonnières et céréalières. Les premières évaluations montrent ainsi une baisse significative de la fréquentation dans les centres de santé (CSPS).
Enfin, par la démarche inclusive adoptée par Eau Vive, toutes les réalisations de ce projet impliquent fortement les acteurs locaux. 342 maçons et artisans locaux ont été formés et construisent les ouvrages d’assainissement : cette stratégie a l’avantage non seulement de renforcer les capacités techniques endogènes des acteurs de la chaîne d’assainissement, mais aussi de dynamiser l’économie locale des villages et des communes de la région. 100 techniciens communaux ont également été formés et intégrés dans les Services techniques d’Eau et d’assainissement des communes concernées, participant au renforcement institutionnel et à la bonne mise en œuvre de la décentralisation.
Un tel projet emblématique montre qu’en répondant efficacement et de manière systémique aux besoins réels des populations locales, il est possible de mettre en place des processus structurants et des dynamiques qui accompagnent significativement le développement local et permettent une appropriation effective du projet par les populations.
Le taux d’accès à l’assainissement en milieu rural au Burkina Faso était de 12% en 2015, selon l’étude menée par le Programme national d’Approvisionnement en Eau potable et d’Assainissement (PN-AEPA). Une amélioration considérable par rapport à 2011, alors qu’il frôlait à peine les 1%. Les besoins restent toutefois colossaux pour atteindre le 6e Objectif de Développement durable, qui fixe l’accès universel à l’eau et à l’assainissement à l’horizon 2030.