Sidy Bouya Mbaye, une plume qui éclaire dans “La Longue Nuit”

La Longue Nuit est le deuxième roman de l’écrivain sénégalais Sidy Bouya Mbaye. Victime d’une méningite qui sera la cause de sa cécité définitive en 1990, l’auteur trouve dans l’écriture un tremplin pour exposer sa vision du monde. Publié aux éditions L’Harmattan, ce nouveau roman est une réflexion sur la nuit. L’auteur nous rappelle que le handicap ne constitue guère une limite.

Sidy Bouya Mbaye n’a pas peur de la nuit. Si, pour certains, la nuit est le lieu de la confusion ou des illusions, à partir de sa condition de non-voyant, l’auteur demeure dans une “éternelle nuit” qu’il dit avoir fini par apprivoiser. À travers sa sensibilité d’écrivain, Sidi Bouya Mbaye explore ainsi les ténèbres où il retrouve une lecture claire de ses interrogations du quotidien.

 

Son nouveau roman, La Longue Nuit, est en effet une autobiographie, qui retrace les différentes étapes de sa vie depuis qu’il est atteint de cécité. L’auteur se laisse perdre dans le personnage de Moutoufa, le héros de La Longue Nuit. Moutoufa est un être qui, bien qu’il ait perdu la vue, garde un regard pertinent sur le monde. Ses réflexions sont puissantes et il participe par ses actions à l’évolution de son environnement.

« Je me suis confondu à la réflexion. Lorsqu’on perd la vue, il y a d’autres fonctions qui se développent. Concernant La Longue Nuit, le roman doit vous satisfaire pour ces questionnements, parce que, quelque part, Moutoufa, c’est moi. Je m’en suis servi pour aller explorer le ciel. » – Sidi Bouya

Cette nuit qui suit l’auteur est un terreau fertile où Sidi Bouya puise et éclaire ses idées. Favorisant sa créativité, il lui rend ainsi hommage.

« La nuit transcende tout, sans nuit tout est noir. Dans notre nuit à nous, il n’y a pas de frontières, personne n’existe. » – Sidi Bouya MBAYE

Cette forte détermination de l’auteur se retrouve dans sa production littéraire de plus en plus féconde. En deux ans, Sidi Bouya Mbaye a publié deux ouvrages. La Longue Nuit est précédée par Le Rescapé. Un troisième roman est en cours d’écriture. Face à sa condition de non-voyant, il dicte ses manuscrits à d’autres personnes. Aujourd’hui, Sibi Bouya souhaite mettre en instantané toutes ses idées sur une machine, afin de ne plus dépendre d’un transcripteur.

« Pour écrire, il me suffit d’avoir une machine, malheureusement je n’ai pas d’argent. Je ne suis pas riche pour avoir la nouvelle technologie pour les handicapés, j’ai besoin de l’autre pour pouvoir écrire». – SIDI BOUYA MBAYE

Cette requête n’est pas une habitude chez l’auteur. Malgré son handicap, Sidi Bouya a toujours vécu sa situation dans la dignité. L’écrivain gagne sa vie à la sueur de son front. Au Sénégal, les handicapés vivent le plus souvent dans la précarité et nombre d’entre eux survivent en sollicitant l’aumône. Même si l’Etat du Sénégal vise à garantir l’égalité des chances ainsi que la promotion et la protection des droits des handicapés, contre toute forme de discrimination, la mise en oeuvre de la loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées n’est pas encore effective. “Actuellement sur les 14 millions d’habitants, les handicapés représentent 20 %, soit, au moins, 3 millions de personnes”, a indiqué le président de l’Association nationale des personnes accidentées vivant avec un handicap, Ousmane Ndoye.

« Pour ne pas tendre la main, je me suis battu à partir de ce que je possède. chacun a en lui un génie qu’il peut déployer. Malheureusement, le quotidien du handicapé au Sénégal, c’est  la manche. Ils créent une mentalité d’assisté Et ils arrivent à créer la pitié devant le passant. » – Sidi Bouya Mbaye

Avec une nouvelle machine à écrire pour non-voyant, Sidi Bouya Mbaye est convaincu d’aller plus vite dans la production. Ce qui fera le plaisir de ses lecteurs.

Retrouvez La Longue Nuit de Sidi Bouya Mbaye chez L’Harmattan.

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