Les traditions africaines bien qu’ayant été mises à rude épreuve, du fait de l’esclavage et de la colonisation, ont cependant réussi, pour la plupart, à être conservées. Pour leurs populations, elles représentent une véritable quête d’une identité propre qui leur a été amputée. Au Burkina, comme dans la plupart des pays d’Afrique, cette notion reste vivace et se manifeste de plus en plus, à travers une reconnaissance des peuples pour ces rituels hérités des ancêtres et transmis aux nouvelles générations.
Les rituels les plus récurrents en Afrique concernent les funérailles. Véritables moment de communion avec les disparus, elles sont souvent un moment de recueil mais aussi de méditation sur la vie après la mort. Traditionnellement en Afrique, les croyances animistes ne voyaient pas la mort comme une tragédie, mais plutôt comme un état intermédiaire permettant au défunt d’accéder à un statut de quasi divinité. Les funérailles sont donc une sorte de cérémonie d’accession à cet état et doivent se dérouler dans le plus grand respect de la tradition. Ce n’est qu’à la fin de la cérémonie que le défunt est réincarné sous une forme quelconque et peut devenir, à son tour, une divinité.
Les croyances animistes reconnaissent l’existence d’une force vitale dans les êtres naturels, les éléments. Les rites animistes cherchent donc à puiser dans ces forces vitales qui habitent l’univers et permettent d’assurer la protection des populations. Dans les grands moments de la vie du groupe, elles sont consultées et des animaux leur sont sacrifiés.

L’une des traditions les plus respectées au Burkina est sûrement celle de la cérémonie du faux-départ. Elle a lieu tous les vendredis matins, au palais du Morho Naba. C’est un rituel où les hauts dignitaires Mossis arrivent les uns à la suite des autres, en fonction d’un protocole, et procèdent aux salutations d’usage. Le Morho Naba sort alors de son palais et se dirige vers son cheval, mimant un éventuel départ. Ses ministres et sujets se mettent alors à simuler des lamentations pour le supplier de ne pas s’en aller. Faisant mine d’hésiter, le Morho Naba se ravise finalement et rejoint son palais d’où il ressort tout de blanc vêtu, sous les acclamations de la population. Cette cérémonie est un hommage à une partie de l’histoire des Mossis qui, selon la légende, serait relative à un prince du nom de Yadéga. Deux versions existent cependant pour expliquer cette tradition perpétuée jusqu’aujourd’hui. La première voudrait que le prince héritier, redouté par la population, soit parti en guerre dans le Nord lorsque son père mourut. Profitant ainsi de son absence, les ministres l’évincèrent et intronisèrent Koundoumié, son frère, comme Morho Naba. Furieux, Yadéga se prépara à venir récupérer son trône par les armes. Leur mère réussit cependant à l’en dissuader souhaitant éviter à tout prix une guerre fratricide. Elle décida cependant de subtiliser les fétiches royaux, source de puissance et symbole de noblesse, qu’elle fit parvenir à son fils aîné. Le cadet, découvrant le pot aux roses, voulut récupérer les joyaux de la couronne en se lançant à la poursuite des voleurs. Il fit sceller son cheval mais ses ministres le supplièrent de ne pas partir. Il finit par céder à leurs supplications et renonça à son projet. La seconde version voudrait que le Morho Naba, suite à la fuite de son épouse, se soit lancé à sa poursuite, alors que des menaces d’attaque planaient sur son royaume. Ses ministres lui rappelèrent son devoir de protection envers son peuple. Il se ravisa donc, renonçant à aller chercher son épouse.

La scarification identitaire est aussi une tradition très ancrée dans la culture des ethnies du Burkina. Elle existe chez la plupart des peuples du pays. On la retrouve en effet chez les Mossis, les Gourmantchés, les Goins, les Turkas, les Gourounsis, les Samos… En fait, la scarification est pratiquée par tous les peuples du Burkina Faso, mais pas pour les mêmes raisons. Chez les Dagaras par exemple, les scarifications sont pratiquées, à des fins thérapeutiques, autour du nombril, sur la poitrine ou sur la joue. Tous ceux qui portent les noms Der (pour les garçons) et Youara (pour les filles) sont marqués d’une scarification sur la joue, censée décourager la mort. Chez les Peuls, la scarification est esthétique, même si elle répond à d’autres fonctions. Appliquées sur le dos, le ventre, mais le plus souvent sur le visage, les cicatrices définissaient l’appartenance ethnique. A l’origine, la scarification avait un caractère distinctif et permettait de donner une identité à l’individu. De plus en plus rares, ces cicatrices, symboles d’une autre époque sont devenues obsolètes, considérées aujourd’hui comme des mutilations qui n’ont pas raison d’être et qui nuisent à l’esthétique facial.