Muby est une des premières villes que l’on voit en entrant au Nigéria par le Nord Cameroun. Les populations de cette partie du Cameroun s’y rendent à des fins d’importations de divers produits comme les motos et les pièces détachées pour motos, les produits de première nécessité, les biens de consommation courante, les ballots de pagnes et tissus, les biens d’équipement, les appareils électroniques et ménagers, les biens intermédiaires, les sacs de ciment…
Rien de plus évident pour y aller. Deux choix possibles s’offrent depuis la ville de Garoua, capitale de la région du Nord-Cameroun en prenant Garoua-Guider-Mayo Oulo-Dourbey-Doumo-Muby ou Garoua-Gashiga-Dembo ou Bashéo-Djatoumi-Muby. Si l’on opte pour la première option, 2h au maximum suffissent à partir de Guider. La circulation des biens et personnes est très fluide et sereine malgré le fait qu’on quitte un pays pour un autre. Pour ce qui est des vérifications des identités lors du passage dela frontière, le passeport n’est pas si nécessaire ; s’exprimer en anglais ou en haoussa suffit car l’hospitalité africaine y oblige.
Challenge Nouveau[1]justifie ces liens d’échanges si étroits entre les deux villes. Elles faisaient partir de l’empire deSokoto fondé au 19e siècle par Ousman Dan Fodio dont la capitale était Yola. La partie Sud de cet empire –Fombina en langue peuhle ou Adamawa du nom de Adama, désigné par Fodio comme chef de cette province sokotoise- couvrait la majeure partie septentrionale du Cameroun actuel. C’est dire que les populations de cet espace géographique d’antan, aujourd’hui nigériane et camerounaise, faisaient partir d’un Etat et soumises à une même autorité politico-administrative. Suite au découpage colonial des espaces africains et indépendances desdits espaces, Muby est resté dans l’Etat de l’Adamawa au Nigéria et Garoua s’est retrouvé au Cameroun, aux abords de la Bénoué. Fort de la volonté des deux pays de nouer des relations d’échanges, les liens de familiarité sont restés intacts et suivent leurs cours.
Photos/Sources : Loppa, Djibrilla et Jaafar.
[1] Publié à Ngaoundéré/Cameroun le 5-12-2000